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Interview "les coulisses du Prix G. Moustaki

Meow !


Suite à mon interview d’Abel Chéret, j’ai appris qu’il avait été retenu en finale du prestigieux Prix Georges Moustaki qui promeut les artistes francophones indépendants depuis désormais 10 ans.


A cette occasion, les organisateurs du prix m’ont accordé de pouvoir réaliser l’interview-écriture de l’ensemble des candidats finalistes du concours, pour mettre en valeur les coulisses de leur jolie plume.


Vous découvrirez tous ces passionnants entretiens d’ici la finale du Prix organisée le 20 février prochain à Paris.


Mais avant cela, je vous invite à découvrir le Prix George Moustaki, par les mots de ses 2 fondateurs, Thierry Cadet, et Matthias Vincenot, tous deux passionnés d’écriture et de chanson.
 

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Le Prix George Moustaki récompense les talents indépendants de la chanson francophone 

Thierry Cadet & Matthias Vincenot / fondateurs du Prix Georges Moustaki

Le Chat à Plume : Le Prix Georges Moustaki entame sa 10ème édition.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette initiative ?

 

Thierry Cadet : Nous trouvions important qu’il y ait un prix qui mette en avant le travail des artistes indépendants. Bien souvent les artistes indépendants ont peu de force de frappe. La finale du Prix Moustaki leur permet de jouer devant des professionnels susceptibles de faire avancer leur projet. Certains ont trouvé leur tourneur par exemple.

 

CàP : Quelles sont les conditions pour participer au concours ?

TC : L’artiste ne doit pas avoir sorti plus d’un CD et/ou 2 EP 5 titres avant le disque présenté lors de la sélection. Les chansons doivent être en majorité en français, tous styles confondus. Les candidats ne doivent pas forcément écrire leurs textes eux-mêmes.

Le Prix est ouvert à toute la Francophonie, de la Belgique au Québec, en passant par la Suisse, les pays d'Afrique, du Moyen-Orient.

 

 

CàP : Pourquoi avoir choisi le nom de Georges Moustaki pour ce prix. Comment l’intéressé a-t-il accueilli votre démarche ?

TC : Le choix de Georges Moustaki était évident, de par son indépendance à la fois personnelle et artistique, mais aussi son côté libertaire. Nous l'avons rencontré chez lui, sur l'Île-Saint-Louis, à Paris, et il a accepté qu'un prix porte son nom.

Il a déclaré en 2012 au magazine « Platine » : « Ce Prix Georges Moustaki me fait honneur par la qualité des artistes qui ont présenté leur candidature et par sa vocation de récompenser un album autoproduit ; c’est-à-dire réalisé en toute liberté et en toute indépendance. Je suis en phase avec les deux jeunes gens qui s’en occupent. J’avais quelques réticences à m’embringuer là-dedans, mais ils sont terriblement sympathiques, et ils savent ce qu’ils font. Ce sont des gens que j’estime beaucoup. J’ai eu envie de les suivre. Je vois ce qu’ils font tout au long de l’année. On est dans la même cour ».

 

 

CàP : Quels sont les différents prix proposés, et quel est le plus prisé des artistes ?

 

TC : Le Prix Moustaki est celui du jury, mais le Prix du public n'est pas à minimiser. Pour certains artistes, il a même plus d'importance à leurs yeux que celui du jury. Probablement parce qu'au final, c'est toujours le public qui décide du succès d'une chanson. Le Prix du public est donné par vote, à 30% sur Internet avant la finale, et à 70% en salle le soir de la finale. Il y a aussi depuis quelques années le Prix Catalyse, remis par une association suisse partenaire, représentée par Bettina Vernet.

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Remise du Prix du Public à jules & Joe à l'occasion du Prix Georges Moustaki en 2015

CàP : Tous deux amoureux des mots et de la musique, vos regards sur les musiques actuelles se complètent. Thierry vous présentez Mélody, une émission sur les années 90, une autre sur les reprises (décalées souvent), des grands tubes. Et vous êtes rédacteur en chef de Horscene, un site musical …Matthias vous êtes poète, auteur de 14 recueils, et Président de l’association Poésie et Chanson Sorbonne. Quelle place tiennent les chansons, et plus précisément les textes de chansons dans votre vie ?

 

Matthias Vincenot : Les chansons m’accompagnent, j’en écoute quasiment tout le temps, elles sont aussi des balises de la vie, mais c’est parfois inconscient, c’est quelque temps après qu’on s’aperçoit que telle chanson évoque tel moment, ce genre de chose m’arrive. Elles sont parfois un juke-box intérieur, selon les situations que je peux vivre, les lieux où je peux me trouver. Par exemple, lorsque récemment je suis allé à la mer, j’avais sans cesse dans la tête, et malgré moi, des chansons qui en parlaient (« Regarde la mer » de Pierre Bachelet ou « La baie des fourmis » d’Alain Souchon notamment). Ce n’est qu’un exemple. Les chansons sont donc une évidence. Mais une chanson qui ne peut pas se chanter, c’est quand même un peu comme un plat qui ne peut pas se manger.

 

TC : Je rejoins Matthias. Chacun de mes souvenirs sont reliés à une chanson. Les chansons m'accompagnent au quotidien. Et pour moi la force d'une bonne chanson est d'abord une forte mélodie, c'est grâce à cette dernière qu'on y vient. Puis on y reste par le texte. Si l'alchimie entre la musique et le texte fonctionne, qu'on peut siffler la mélodie, mais qu'en plus le texte nous raconte une histoire, alors c'est gagné. C'est à mon sens, ce qui fait la force des grandes chansons. Celle qui traverse le temps.

 

CàP : Qu’est ce qui pour vous fait un bon texte de chanson ?

MV : Pour moi, un bon texte de chanson est, justement un texte de chanson. C’est-à-dire qu’un texte seul ne fait pas une chanson, pas plus qu’un texte trop calorique sur une musique ratée. Selon moi, il y a différents types de chansons, et il y a différentes façons de dire quelque chose. Les textes apparemment simples de chansons populaires recèlent parfois des vérités universelles, et les chansons légères ne sont pas à rejeter, car il n’est pas facile d’être léger, pas facile d’arriver à la simplicité d’un texte (je ne parle pas de simplisme). Mais une chanson qui parle d’un coucher de soleil ou d’une histoire sentimentale peut tout autant me toucher qu’une chanson dite à message, si elles sont réussies. De même que l’une comme l’autre peuvent m’assommer, si elles sont assommantes. Mais ce ne serait pas forcément la faute du texte seul.

 

TC : Là encore je rejoins Matthias ! « Ne me quitte pas », « Emmenez-moi », « Avec le temps » s'inscrivent dans notre patrimoine comme étant des chansons populaires avec des vérités universelles ; même si souvent, et je crois que c'est aussi la force d'une chanson qui parle au plus grand nombre, les grandes chansons racontent des histoires personnelles. Mais si sincères, qu'elles finissent par rassembler, parce que chacun peut y voir sa propre histoire, je pense au « Métèque » ou à « Mon vieux ». Je cite d'anciennes chansons, mais depuis « Mistral Gagnant », « Foule sentimentale », « Pour que tu m'aimes encore », « Si seulement je pouvais lui manquer » ou « Alors on danse » les ont rejoints.

 

CàP : Comment se présente le cru 2020, qu’est ce qui évolue au fil du temps dans les propositions artistiques ?

TC : Chaque année on reçoit entre 200 et 250 candidatures. Une première sélection est réalisée par un pré-jury, pour n'en retenir qu'une soixantaine. C'est à partir de là que l'entièreté du jury entre en phase de sélection. Nous retenons alors 22 demi-finalistes, mis en avant sur nos réseaux, puis 7 pour la finale live. Les propositions artistiques évoluent évidemment en fonction de l'air du temps, nous avons de plus en plus de machines par exemple, des pads, des samples...

 

CàP : Côté candidats, vous avez fait le choix d’inclure tous les styles musicaux. Il doit être difficile de juger récompenser des artistes en les départageant malgré des univers extrêmement différents. Avez-vous établi des critères d’évaluation spécifiques pour aider les membres du jury à faire leur choix… ?

TC : Il y a des critères propres à chaque style : la musicalité, les textes, la justesse de la voix, la présence... Et après il y a aussi la sensibilité de chacun. Cette année encore les univers et les personnalités des finalistes sont très variés.

Il y a BRUNE sauvage et indépendante, Abel Chéret, le dandy poétique et nonchalant, FRANCOEUR qui brille comme un papillon, Andoni Iturrioz l'écorché, le poète maudit, THEOPHILE le beau gosse, sensuel et charismatique, Matéo Langlois qui a une très grande musicalité et un don pour faire sonner les mots, ou encore MELBA, la punk de notre finale !

Il y en a vraiment pour tous les goûts musicaux. Mais ils nous arrivent souvent, et heureusement, de voter pour un artiste même s'il ne s'agit pas de nos goûts personnels. Quand un artiste est bon, quel que soit son style, nous savons le reconnaître.

 

CàP : Le jury parlons-en justement : il est très large et très varié. Comment l’avez-vous composé et pourquoi ?


MV : Le jury est volontairement large et divers, composé de personnes qui n’ont pas forcément les mêmes goûts musicaux. Si, au bout du compte, toutes ces personnes aux sensibilités différentes s’accordent sur des artistes, c’est qu’a priori ces artistes méritent le détour.

Suzane et Marcel Amont Prix Georges Mous

Suzane marraine du Prix G. Moustaki et Marcel Amont Président du Jury édition 2020

(crédit Marcel Amont : Jean-Philippe Baltel / crédit Suzane : Pierre & Florent)

CàP : Suzane est la marraine de l’édition 2020, pourquoi et comment avez-vous fait le choix de cette artiste. En quoi est-elle emblématique de la scène indépendante des musiques actuelles ?

TC : Suzane a, malgré sa jeune carrière, une expérience importante de la scène. Elle est la recordwoman des artistes les plus programmés sur les festivals l'été dernier, et le sera encore probablement l'été prochain. Elle est dans la mouvance des musiques actuelles, et signée sur un gros label indé : 3ème Bureau. Un label qui a une force de frappe plus importante que des labels indés plus confidentiels certes, mais la démarche est identique. Après le parrain ou la marraine ne doit pas systématiquement être indépendant, il y a eu quelques exceptions comme Archimède ou Gauvain Sers, qui sont en majors. Cela ne les empêche pas d'apporter un regard bienveillant sur leur promotion. Il n'y a pas de hâche de guerre entre le Prix Moustaki et les majors. Il y a des avantages et des inconvénients des deux côtés. Du bon et du moins bon artistiquement aussi.

Quelques fois il est arrivé qu'un parrain tende la main à l'un des lauréats ou finalistes, comme en 2013 quand Askehoug a signé chez Ulysse Productions grâce à Barcella. En 2017 et en 2018, Boulevard des Airs et Aliose ont respectivement proposé à Léopoldine HH et à Leïla Huissoud de réaliser quelques-unes de leurs premières parties.

Meow !! Merci Messieurs et bonne chance à tous les finalistes!
RDV le 20 février 2020 pour la finale  : un événement à suivre ici, et !

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