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Je suis devenue

Le ciel est dense comme un nuage sans fin
Tu t’y étires sûrement baigné de blanc

Et de gris perle et de néant
Je regarde l’horizon aussi proche qu’il est loin

Le silence me crève le cœur et les tympans

La mesure de l’amour dépasse celle du chagrin

Assise sur une pierre je danse avec le vent

 

Toi et moi serions nés aujourd’hui mon Amour
Ensemble dans le feu à ce jour sans retour

Toi qui entends ma voix

Depuis l’aurore, depuis toujours,
C’est aujourd’hui

Que j’aurais entendu ton cri

 

L’éphémère prend parfois

Le goût de l’absolu

Je croque un jour nouveau
Depuis qu’on s’est connus

 

Là-bas sous l’oranger
Ou dorment ton parfum et fleurs nées-gélées

La Terre est meuble comme une ligne sans nom
Toi, tu en avais un du fond de mon bidon

 

Et je te porte encore dans ma joie et mes veines

Je porte ma tendresse, elle vaut mieux que ma peine

Dans les absences de ceux qu’on aime
Naît une présence en creux

Qui invite la vie à doubler de relief

Comme pour les rencontrer encore un peu

 

L’éphémère prend parfois

Le goût de l’absolu

Je n’existe seulement plus
Car je suis devenue

Mère.

D’un éphémère.

Image de Sharon McCutcheon
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